
Épisode 2: La carte du monde Mastermind Attraction
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Résumé de l’épisode précédent : Le Dernier Jour au Désert du Salaire Sûr
Kevin, salarié désabusé, a franchi la porte oubliée dans l’arrière-salle de son entreprise, découvrant de l’autre côté un monde inattendu. Là, un vieil homme mystérieux lui confie un carnet, un guide pour devenir l’explorateur de son destin. Au marché des possibles, il reçoit une boussole singulière, une boussole qui ne pointe pas vers le nord, mais vers ce qui compte réellement pour lui. Le voyage de Kevin vers la découverte de son véritable chemin commence.
I. La vallée du doute
Kevin quittait maintenant le Marché aux Possibles, le cœur encore vibrant de cette étrange effervescence. La boussole accrochée à sa ceinture vibrait par pulsations régulières, comme une respiration silencieuse. Elle semblait lui dire : Continue… tu es sur la voie.
Le sentier de pierres s’effaçait peu à peu sous ses pas, remplacé par un sol plus irrégulier, plus rocailleux. Les collines lumineuses derrière lui s’éloignaient, comme un souvenir qui se dissout.
Autour de lui, le silence s’était épaissi. Il n’y avait plus de marchands, plus de musique, plus de voix. Juste le froissement du vent contre les feuilles, et le bruit sec de ses semelles sur la terre. Même les cigales s’étaient tues.
Le ciel lui-même semblait suspendu entre lumière et pénombre. Des nuages gris se massaient doucement au-dessus de la vallée qu’il approchait.
Une pancarte grinça dans le vent, accrochée de travers sur un vieux chêne noueux. Des lettres à moitié effacées, gravées au couteau :
« Vallée du Doute – Pèlerins, préparez vos cœurs »

Il s’arrêta. Un frisson discret remonta lentement le long de sa nuque. Il aurait pu faire demi-tour.
Mais la boussole vibra à nouveau. Plus fort. Comme si elle sentait son hésitation.
Alors il continua.
Les arbres se refermaient autour du sentier, leurs branches tordues formant une voûte sombre au-dessus de lui. Une brume épaisse s’insinuait entre les troncs, avalant la lumière.
Puis vinrent les voix.
D’abord faibles. Puis plus claires. Plus incisives.
— Tu n’es pas fait pour ça.
— Tu n’as aucune compétence utile.
— Tu vas échouer. Comme toujours.
Il s’arrêta net. Le cœur battant.
Les voix venaient de nulle part… et de partout à la fois. Il reconnut certaines d’entre elles. Son ancien chef, sec et sarcastique. Sa mère, inquiète. Une prof de lycée qui l’avait humilié devant toute la classe. Et puis, plus terrifiant encore… sa propre voix.
— T’es juste un rêveur, Kevin. Personne ne te prendra jamais au sérieux.
Le doute se glissait en lui comme une encre noire, diluant ses certitudes. Son regard se troubla. Il fit un pas de travers, manqua de trébucher.
C’est alors qu’il aperçut, gravée à même un rocher moussu, une inscription ancienne, rongée par le temps mais encore lisible :
« Les voies que tu entends ne sont que les soupirs du vieux monde en toi. Écoute-les. Puis passe. »
Il resta là, figé. Ces mots résonnaient comme une vérité oubliée.
Il s’assit. Respira. Longtemps.
Et pour la première fois depuis des mois, il ne chercha pas à fuir ses doutes. Il les écouta. Les laissa le traverser. Il se sentit vidé… et, paradoxalement, plus léger.
Mais les voix continuaient de tourner autour de lui, cherchant une faille. La fatigue revenait. Le froid aussi.
Sa main effleura alors la petite fiole que la vieille femme lui avait offerte. La Persévérance liquide.
Il hésita un instant. Puis l’ouvrit, et en but une gorgée.
Une chaleur douce se diffusa dans son ventre, chassa le givre intérieur. Les voix perdirent de leur tranchant. Elles étaient toujours là… mais il les entendait désormais comme on perçoit un rêve au réveil : lointain, flou, inoffensif.
Il se releva. Son regard s’était éclairci.
Une voix intérieure, calme, comme venue du cœur de la terre, souffla alors en lui :
« Il est temps de créer quelque chose à toi. »
Un mince sentier s’ouvrit devant lui, comme creusé dans la pierre par une volonté invisible.
Le silence, autrefois menaçant, était devenu un allié.
Kevin serra la boussole contre lui. Et s’engagea sur le chemin.
II. L’Arbre aux Fragments
Le sentier serpentait désormais à flanc de montagne. Les arbres s’étaient espacés, la brume dissipée. Devant lui s’élevait un plateau herbeux, presque nu, balayé par un vent vif et franc.
Au centre, un arbre solitaire dressait ses branches décharnées vers le ciel. Il était immense, mais creux, fendu du tronc jusqu’aux racines.
Kevin s’approcha, intrigué.
Le tronc, à hauteur d’homme, s’ouvrait comme une bibliothèque. Sur les étagères naturelles formées par les veines du bois, étaient posés des éclats de verre taillés comme des morceaux de miroir, tous de tailles différentes.
Il en saisit un.
À l’instant où ses doigts touchèrent la surface, une image surgit. Vivante. Palpitante.
Il se vit enfant, en train de construire une cabane de fortune avec des draps dans le salon. Il expliquait avec passion à sa peluche ce qu’il allait devenir plus tard : inventeur d’idées géniales, capitaine d’un monde encore inconnu. Ses yeux brillaient d’un feu oublié.
Il reposa le fragment, bouleversé.
Un autre fragment l’attira. Celui-là montrait un adolescent griffonnant dans un carnet, caché sous sa couette. Des idées de jeux, d’applications, d’histoires… Il souriait à ses pages comme à un secret précieux.
Un troisième. Puis un quatrième.
Chaque fragment était un souvenir — mais pas n’importe lesquels : les éclats d’un feu intérieur. Des élans qu’il avait autrefois ressentis, avant que la vie, les peurs et les injonctions n’ensevelissent ses rêves.
Une inscription gravée dans l’écorce attira son attention :
« Rassemble ce qui est éparpillé. Ce que tu cherches n’est pas une idée nouvelle, mais une mémoire ancienne. »
Il comprit alors : son avenir ne serait pas une invention surgie de nulle part. Il naîtrait de ces fragments intérieurs, de ces morceaux de lui qu’il avait oubliés ou reniés.
Kevin sortit de son sac le carnet relié de cuir, couleur sable, dont la couverture était frappée d’une pyramide entourée de cercles lumineux.
Sur la première page, il relut l’inscription manuscrite :
« Tu n’es plus salarié. Tu es Explorateur de ton Destin. »
À la deuxième page, il traça un cercle, puis écrivit au centre :
Qui suis-je quand j’oublie la peur ?
Autour, il nota tout ce que les fragments lui avaient soufflé : imagination, audace, envie de transmettre, amour des histoires, goût du jeu, besoin de liberté…
En refermant le carnet, Kevin comprit enfin ce qu’il était venu chercher ici : le courage d’écouter ce qu’il portait en lui depuis toujours.
Il n’était plus un simple passager de sa vie.
Il devenait l’explorateur de son propre destin. Il marchait vers l’inconnu, guidé seulement par la mémoire ancienne de ce que son cœur n’a jamais cessé de désirer.
Le vent s’était calmé.
Le silence autour de l’arbre était devenu presque sacré.
Kevin salua l’arbre d’un regard plein de gratitude.
Et reprit la route.
III. La carte du monde Mastermind Attraction
Le soleil déclinait lentement, posant une lumière dorée sur les collines. Le sentier descendait maintenant en douceur vers une vallée plus douce.
Plus loin, le chemin s’ouvrit sur une clairière. Une cabane en bois, couverte de mousse et de symboles gravés, semblait attendre là depuis des siècles. Elle n’était ni délabrée ni neuve, juste… à sa place, comme un repère oublié dans l’immensité du monde intérieur.
Kevin ralentit le pas. Un silence apaisant baignait les lieux, différent de celui de la Vallée du Doute. Ici, le silence ne jugeait pas. Il accueillait.
C’est alors qu’il le vit. Le vieil homme en manteau d’explorateur, coiffé d’un large chapeau de cuir, exactement comme devant la porte oubliée. Il était appuyé contre la rambarde du porche, un carnet à la main.
— Bienvenue au Refuge de l’aube, dit-il sans lever les yeux.
Kevin surpris de le voir ici lui dit
— Encore vous ? Mais… qui êtes vous ?
Le vieil homme releva la tête, un sourire doux sous ses rides burinées.
— Je suis Orion le Cartographe. Gardien de la Carte du Monde Mastermind. Chaque voyageur la découvre quand il est prêt. Et toi, Kevin, tu viens de franchir la Vallée du Doute. Alors, il est temps de te situer.
Orion entra dans la cabane et Kevin le suivit. À l’intérieur, une immense carte couvrait tout un mur. Pas un dessin figé, mais une fresque mouvante, comme une mer d’images et de symboles qui pulsaient lentement, tel un organisme vivant.
— Tu vois cette zone-là ? dit Orion en pointant une région terne et poussiéreuse au nord. C’est le Désert du Salaire Sûr. Tu en viens. On y vit sans mourir, mais sans vraiment vivre non plus.
Kevin acquiesça, le cœur serré. Oui. C’était exactement ça. Survivre. Sans couleur. Sans vibration.
— Et maintenant, voici la suite de ton chemin, continua Orion. Mais attention : ce monde s’adapte à ce que tu crois possible. Si tu veux avancer, il te faudra du courage… et faire des choix.
Orion lui tendit une plume.
— Inscris ton intention sur ton carnet. Une phrase. Une vérité intérieure. C’est la première graine. Elle déterminera le prochain sentier.
Kevin inspira lentement. Ferma les yeux. La plume était chaude, comme chargée d’une énergie ancienne. Puis il écrivit :
« Je veux créer une vie qui me ressemble. »
La carte vibra. Un chemin s’illumina, serpentant vers une vallée verdoyante, bordée de falaises abruptes.
— Voilà, dit Orion en hochant la tête. Demain, tu partiras vers la Vallée du Courage. Repose-toi ici. Le refuge de l’aube est fait pour reprendre des forces… Kevin s’allongea sur un lit simple, recouvert de couvertures rêches. Pour la première fois depuis longtemps, il sentit son corps détendu. Il s’endormit sans lutte. Et dans ses rêves, la carte continuait de l’émerveiller.
À suivre… Épisode 3 : Le Premier Pas dans la Vallée du Courage


2 commentaires
Dieter
Tu nous proposes une aventure captivante et séduisante à travers cette histoire, et il est difficile d’y résister.
BenoitB
Merci Dieter, je suis content que ça te plaise !