Le pacte du premier Mastermind
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Le pacte du premier Mastermind

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🔍 Tu dĂ©couvres La Saga de Kevin ?
Commence par le premier épisode: Le Dernier Jour au Désert du Salaire Sûr, pour lire cette aventure depuis le début.
📖 Tu peux aussi lire l’épisode prĂ©cĂ©dent, La Fuite devant le Dragon de l’Autocensure.

Le Carrefour Invisible

La lumiĂšre Ă©tait diffĂ©rente ici. Ni trop forte, ni trop douce — juste ce qu’il faut pour que les contours du monde soient visibles, mais pas les chemins.

Kevin avançait, lentement, dans cette clairiĂšre oĂč convergaient plusieurs sentiers. Pourtant, aucun ne portait de trace. Pas de pas, pas d’indice. Des panneaux de bois, autrefois gravĂ©s, s’étaient effacĂ©s avec le temps. Il en approcha un. Le mot semblait vouloir apparaĂźtre, mais il oscillait entre “Inspiration”, “Illusion” et “Inconfort”. Rien de net.

Il tourna sur lui-mĂȘme. Tous les sentiers semblaient viables. Ou piĂ©geux. Ou les deux.

Un bruissement derriĂšre lui.

Il se retourna. Une femme se tenait lĂ .ThĂ©kara, la Gardienne des carrefours. DrapĂ©e dans un tissu sombre, le visage Ă  moitiĂ© masquĂ© par un voile translucide. Ses yeux, vifs comme ceux d’une louve, le fixaient sans animositĂ©.

— Tu es arrivĂ© au Carrefour Invisible, dit-elle simplement.

— Comment savoir quel chemin prendre ? demanda Kevin.

— Tu ne peux pas. Pas seul.

Il fronça les sourcils. Elle s’approcha, lĂ©gĂšre comme l’air, et planta un bĂąton au centre de la clairiĂšre. Il vibra doucement.

— Tu peux continuer Ă  essayer seul. Tourner. Te perdre. T’épuiser. Ou
 tu peux rejoindre ceux qui ont compris qu’il n’y a pas de honte Ă  marcher ensemble.

Elle tendit la main. Un cercle lumineux apparut sous ses pieds, révélant des silhouettes floues à la périphérie, comme des ùmes en attente.

— Ce soir, nous nous rĂ©unissons. Pas pour apprendre. Pas pour diriger. Juste pour partager ce qui brĂ»le en nous, ce que nous cachons aux autres. Ce qui nous pousse Ă  marcher, malgrĂ© la peur.

— Ce n’est pas un contrat, poursuivit la femme. C’est un pacte entre cƓurs vivants.

Il ferma les yeux. Respira.

Et fit un pas dans la lumiĂšre du cercle.

Le Cercle des Reflets

La lumiĂšre s’intensifia autour du cercle, sans jamais devenir Ă©blouissante. Elle semblait Ă©maner de l’intĂ©rieur mĂȘme des participants, comme si chacun portait sa propre lanterne invisible.

Ils étaient six autour de Kevin. Six inconnus. Ou presque.

  • Un homme Ă  la silhouette musclĂ©e, mais au regard fuyant.
  • Une femme au sourire large
 trop large pour ĂȘtre vrai.
  • Un adolescent en hoodie, discret comme une ombre.
  • Une vieille dame, droite comme une montagne.
  • Un jeune pĂšre, le visage marquĂ© par des nuits sans sommeil.
  • Et
 une autre version de lui-mĂȘme. Plus jeune. Plus hĂ©sitante.
    Celle qu’il avait laissĂ©e dans le marĂ©cage.

Thékara, prit la parole avec lenteur :

— Ici, personne ne parle pour convaincre.
Personne n’écoute pour juger.
Ce que tu diras ne sera ni corrigé, ni interrompu.
Ce que tu entendras rĂ©sonnera peut-ĂȘtre. Et c’est tout ce qu’il faut.

Elle s’assit.
Un par un, les membres du cercle déposÚrent leur fardeau.

  • Le pĂšre parla de la peur de tout perdre s’il osait changer.
  • La vieille dame confia son regret d’avoir attendu soixante-dix ans pour s’autoriser Ă  crĂ©er.
  • Le jeune garçon raconta comment il se cachait derriĂšre l’humour pour Ă©viter d’échouer.
  • La femme au grand sourire craqua. Ce sourire Ă©tait un masque. Elle n’en pouvait plus de toujours « aller bien ».
  • Le costaud murmura qu’il se sentait vide. Sans cause. Sans mission.

Puis vint le tour de Kevin.

Son cƓur tambourinait. Il n’avait jamais parlĂ© ainsi devant des inconnus.
Et pourtant


— Je suis fatiguĂ© de faire semblant.
FatiguĂ© de donner le change, d’avoir l’air motivĂ©, structurĂ©, aligné  alors qu’en vrai, je doute tout le temps.
Je veux crĂ©er quelque chose, mais une part de moi pense encore que je n’ai rien Ă  dire.
Rien d’assez solide pour aider les autres.
Rien d’assez
 lĂ©gitime.

Un silence. Dense. Vibrant.

La vieille dame posa simplement une main sur son bras. Et murmura :

— C’est prĂ©cisĂ©ment pour ça que ta voix compte.

Les autres hochĂšrent la tĂȘte.
Pas de pitié.
Juste une reconnaissance. Un miroir.

Kevin sentit quelque chose se détacher en lui.
Comme une vieille peau, un manteau lourd
 qu’il pouvait enfin poser.

Il Ă©tait vu. Tel qu’il Ă©tait.
Et il n’était pas seul.

Le Pacte

Le cercle resta silencieux un instant, suspendu dans le souffle d’un monde plus vaste.

Puis Thékara, la Gardienne des carrefours, se leva. Dans ses mains, une petite boßte en bois brut.

Elle s’approcha du centre du cercle et l’ouvrit. À l’intĂ©rieur, sept cordelettes de chanvre, simples, mais nouĂ©es chacune d’un motif unique.

— Ce ne sont pas des talismans, dit-elle.
Ce sont des rappels.
Chacun de vous va nouer cette corde autour de son poignet, de son cƓur

Comme un symbole du pacte.
Ce n’est pas un pacte de rĂ©ussite.
C’est un pacte de prĂ©sence.

Elle fit passer la boĂźte.
Un Ă  un, chacun choisit sa corde.

Quand vint le tour de Kevin, il hésita.
Puis en prit une au nƓud discret, presque invisible, mais solide.

— Ce que vous avez partagĂ© ici n’appartient plus au silence, dit ThĂ©kara.
Il appartient Ă  l’élan.
Au mouvement.
À l’entraide.

À partir d’aujourd’hui, vous n’ĂȘtes plus seuls Ă  porter vos idĂ©es.
À douter.
À avancer.

Le pacte est celui-ci :
Quand l’un faiblit, un autre tend la main.
Quand l’un se perd, un autre Ă©claire.
Quand l’un rĂ©ussit, tous avancent.

Chacun noua la corde à sa façon : au poignet, à la cheville, au col, à un objet fétiche.

Thékara traça alors au sol un cercle de cendres et de sel.

— Maintenant, vous devez poser une intention.
Pas un objectif.
Une graine.

Elle les regarda, un Ă  un.

— Exprimez-la à voix haute.

Les voix s’élevĂšrent.

« Créer un lieu de transformation. »
« Écrire sans me censurer. »
« Accompagner sans me diminuer. »
« M’autoriser Ă  ne pas savoir. »
« Laisser ma joie prendre de la place. »
« Montrer mon vrai visage. »

Kevin inspira. Et dit :

— CrĂ©er un monde oĂč chacun ose semer ce qu’il est.

Le cercle vibra. La lumiĂšre s’éleva lĂ©gĂšrement, dans un souffle, comme si la terre elle-mĂȘme avait entendu.

Thékara sourit.

— Le pacte est scellĂ©.

Un Ă  un, les membres du cercle disparurent dans la brume.
Non pas seuls.
Mais porteurs d’un lien invisible.

Le premier Mastermind était né.
Pas un groupe.
Un égrégore.

Le Feu Secret

Le cercle s’était dissous dans le silence.
Il ne restait plus que Kevin, Thékara
 et cette étrange sensation de chaleur douce qui pulsait sous ses cÎtes.

Elle l’invita Ă  la suivre, Ă  travers un petit sentier bordĂ© de pierres moussues.
Le chemin serpentait dans une forĂȘt miniature, oĂč les arbres semblaient ĂȘtre des idĂ©es oubliĂ©es — tordus, mais encore vivants.

Au bout du sentier : une clairiĂšre.
En son centre, un feu. Pas plus grand qu’un brasier de campement.
Mais ses flammes ne brĂ»laient pas. Elles dansaient dans des teintes d’ambre, de turquoise et d’or pĂąle.
Un feu d’intuition.

— Voici le Feu Secret, dit ThĂ©kara.
Il n’enseigne pas. Il rĂ©vĂšle.

Elle l’invita à s’asseoir prùs du foyer.

— Chaque membre du Mastermind y est venu.
Chacun a vu autre chose.
Ce que tu verras dĂ©pend de ce que tu es prĂȘt Ă  embrasser.

Kevin hésita. Puis il ferma les yeux face au feu.

Les premiĂšres images furent floues. Des fragments.
Un bureau en désordre.
Des post-its collĂ©s sur des rĂȘves jamais rĂ©alisĂ©s.
Une idée brillante noyée sous la peur.
Des éclats de rire étouffés par la pression.
Des projets abandonnés trop tÎt.
Des et si… qui n’ont jamais vĂ©cu.

Puis le feu s’intensifia.
Et dans la danse des flammes, Kevin vit autre chose.

Un petit groupe, assis autour d’un cercle.
Pas dans ce monde mystique.
Mais dans une piĂšce simple, lumineuse.
Des visages familiers. Des regards bienveillants.
Des idées qui circulent.
Des déclics. Des larmes. Des rires.

Un groupe d’accompagnement.
Son Mastermind.

Il lut des mots accrochés au mur :

« C’est ensemble que l’on transforme le doute en Ă©lan. »

Il vit des projets naĂźtre. Des peurs tomber.
Et sa propre posture changer.
Moins celle de quelqu’un qui cherche,
Plus celle de quelqu’un qui Ă©coute. Qui soutient. Qui transmet.

Il se surprit Ă  penser : Et si j’étais prĂȘt, maintenant ?

Quand il rouvrit les yeux, le feu brillait encore.
Paisible. Présent. Comme un témoin.

Le Retour vers le Monde Réel

Le matin était clair.
Le camp s’était Ă©vaporĂ© comme un rĂȘve qui s’efface Ă  l’aube.
Kevin descendit la colline seul, un sac plus lĂ©ger qu’il ne l’avait jamais Ă©té  et pourtant rempli d’essentiel.

Un cercle de pierres l’attendait.
Et au centre, la mĂȘme porte que celle franchie au tout dĂ©but de son voyage.

Mais cette fois, elle semblait polie par le temps
 et par la décision.

Kevin la regarda.
Un dernier doute passa en lui, comme une ombre.

— Est-ce que je saurai
 transmettre ce que j’ai vĂ©cu ?

Une voix familiĂšre lui parvint, douce et lointaine.
Celle de Thékara, la Gardienne des carrefours.

« Ce que tu as vĂ©cu n’est pas un savoir Ă  transmettre.
C’est une vibration Ă  incarner. »

Il inspira. Et poussa la porte.

**

La lumiĂšre de la ville.
Des bruits de pas.
Un café. Une table.
Son carnet devant lui.

Et un premier message rĂ©digĂ©, prĂȘt Ă  ĂȘtre envoyĂ© :

« J’ai une idĂ©e un peu folle.
Et si on se retrouvait Ă  trois ou quatre pour se soutenir dans nos projets ?
Pas une réunion de boulot.
PlutĂŽt un cercle de feu.
Dis-moi si ça te parle. »

Il hĂ©sita. Puis cliqua sur “envoyer.”

Le Premier Engagement

Quelques jours ont passé.

Un petit groupe s’est formĂ©.
Pas encore un cercle sacré.
Pas encore un Mastermind Ă  proprement parler.
Mais un début. Une promesse.

Ils se sont retrouvĂ©s chez l’un d’eux.
Autour d’un thĂ©, sans prĂ©tention.

Chacun a apporté quelque chose :
Une idée. Une question. Un blocage.

Au dĂ©but, il y avait de la gĂȘne.
Du flou.
Des silences.

Puis, au fil des mots, les barriÚres sont tombées.

Quelqu’un a osĂ© dire :

— J’ai peur que mon idĂ©e soit nulle.

Un autre a répondu :

— Moi, j’ai peur de rĂ©ussir.

Et ils ont ri.
Ensemble.

Kevin n’était pas l’animateur.
Il n’avait pas prĂ©vu de plan.

Mais il écoutait.

Et quand il a parlĂ©, ce n’était pas pour montrer ou briller.
C’était pour rallumer le feu.
Celui qu’il portait.

Il a raconté le cercle.
Le marécage.
La graine.

Pas pour impressionner.
Pour inspirer.

Alors, ils ont décidé de se revoir.
RéguliÚrement.

Avec une intention claire :
Avancer ensemble. Et ne plus se censurer.

**

Ce soir-lĂ , seul chez lui, Kevin regarda par la fenĂȘtre.
Une brise agitait les feuilles.

Dans son carnet, il écrivit :

“Je ne suis plus seul.”

À suivre 
 Épisode 9 : L’Escalade du Mont Mindset

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