L’Escalade du Mont Mindset

Épisode 9: L’Escalade du Mont Mindset

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Commence par le premier épisode: Le Dernier Jour au Désert du Salaire Sûr, pour lire cette aventure depuis le début.
📖 Tu peux aussi lire l’épisode précédent, Le pacte du premier Mastermind.

L’appel du sommet

Le ciel était clair, mais chargé d’une tension discrète.
Une de ces journées où l’on sent que quelque chose veut commencer.

Kevin marchait dans une ruelle de la ville, le carnet dans la poche, la tête ailleurs. Depuis qu’ils avaient formé ce premier mastermind, un calme nouveau l’habitait. Moins d’agitation. Moins de dispersion.
Mais une question revenait, insidieuse, presque déçue :

Et maintenant ?

Au détour d’un bâtiment, il leva les yeux.
Là, à l’horizon, entre deux immeubles, une silhouette de montagne s’élevait, immense.
Pas une montagne réelle.
Une présence mentale.

Elle ne semblait pas là pour impressionner, mais pour interpeller.
Son sommet était flou, noyé dans un nuage de brume argentée… dans lequel dansaient lentement des mots, comme portés par le vent :

“Pas assez régulier.”
“Tu abandonnes toujours au bout de trois semaines.”
“Trop d’idées. Pas de suivi.”

Il cligna des yeux. Les mots s’évaporèrent. Mais la montagne restait.

Quelques minutes plus tard, son téléphone vibra.
Un message d’un membre du mastermind Attraction.

🔥 Cette semaine, chacun monte son Mont Mindset. À sa manière.
Même une colline. Même symbolique.
Mais on le fait. Et on le raconte au prochain mastermind.

Kevin sourit.
Il comprit que ce qu’il avait vu… ce qu’il avait ressenti…
était partagé.

Il rentra chez lui. Sortit son sac.

Dedans, il glissa :

  • son carnet,
  • une cordelette nouée,
  • une flasque d’eau,
  • sa boussole

Puis il s’arrêta.

Devant lui, deux objets :

  • une pile de fiches “objectifs” jamais relues,
  • et un tableau blanc rempli d’intentions inachevées.

Il respira. Longtemps.

Et décida de laisser ces poids-là derrière lui.

Il n’allait pas monter pour se prouver quelque chose.

Il allait monter pour se rencontrer dans l’effort.

Il ferma son sac.

Et se mit en route.

Le Sentier des Vieilles Voix

La forêt au pied du Mont Mindset était dense et silencieuse.
Pas d’oiseaux. Pas de vent.
Juste le bruit régulier de ses pas sur un sol meuble, et les craquements d’un monde intérieur qui s’éveille.

Kevin marchait sans trop savoir où poser les yeux.
Les arbres étaient étranges — torsadés, comme pétris d’hésitations.
Le chemin, lui, était ponctué de pierres dressées, comme des bornes de méditation… ou d’avertissement.

Sur la première, il lut :

“Tu n’es pas fait pour ça.”

Il s’arrêta.
La phrase ne l’étonna pas. Il la connaissait bien.
Elle avait le ton d’un parent protecteur… ou d’un prof sceptique…
Elle sentait la prudence mal aimée.

Il reprit sa marche.

Plus loin, une autre pierre :

“Tu ne tiendras pas sur la durée.”

Cette voix-là était plus sourde.
Plus intime.
Celle qu’il entendait chaque fois qu’il démarrait un projet avec enthousiasme, et que son énergie retombait.

Encore une autre :

“Tu ne choisis jamais. Tu te disperses.”

Celle-là fit mouche.
Kevin sentit un noeud se contracter au creux du ventre.

Les pierres se faisaient plus nombreuses.
Chaque phrase réveillait une trace ancienne, une mémoire de renoncement ou de reproche.
Bientôt, elles ne se contentèrent plus d’être lues.
Elles parlèrent.

“Tu n’es qu’un rêveur.”
“Tu n’es pas crédible.”
“Tu n’as rien d’original.”

Kevin accéléra.
Mais les voix l’accompagnaient maintenant.
Derrière lui. Autour de lui.
Comme un vieux podcast interne qu’on oublie d’éteindre.

“Tu n’es pas légitime.”
“Tu fais semblant.”
“Tout ça, c’est du vent.”

Il s’arrêta.

Ferma les yeux.

Et pour la première fois, au lieu de fuir, il écouta.

Chaque voix avait une histoire.
Un moment. Une blessure. Un regard, une remarque, une peur.

Il ne chercha pas à les effacer.
Il leur murmura seulement :

— Je vous entends. Mais je ne vous crois plus.

Les voix cessèrent.

Pas d’un coup.
Mais comme si elles se retiraient, surprises d’avoir été nommées.
Comme si leur pouvoir n’existait que dans le silence qu’il leur accordait.

Le sentier redevint calme.

Et Kevin, un peu plus léger.

Le Refuge du Doute

La pente devenait plus raide.
Les arbres clairsemaient, la roche prenait le relais.
Le vent s’était levé, portant avec lui des souffles froids et des souvenirs flous.

Après une longue montée, Kevin atteignit un replat.
Une cabane bancale s’y dressait, adossée à la montagne.
Le bois était usé, la porte entrouverte, comme si elle n’attendait que lui.

Il entra.

À l’intérieur, la lumière était tamisée par un tissu suspendu à une fenêtre.
Un poêle froid, un banc de pierre, quelques coussins empilés.
Et surtout : des visages.

Trois personnes.
Des grimpeurs.
Ou peut-être des versions de lui-même.

L’un fixait ses chaussures, le front lourd de fatigue.
Une autre tournait un carnet entre ses doigts sans rien écrire.
Un troisième dormait à moitié, les bras croisés comme pour ne pas tomber plus bas.

Kevin les salua d’un regard.
Personne ne répondit.
Mais personne ne le rejeta.

Il s’assit.

Un silence étrange régnait dans la cabane.
Un silence épais, comme de la buée mentale.

Il ferma les yeux.

Et sentit monter, sans prévenir, une vague de lassitude.

Pourquoi grimper, en fait ?
Qu’est-ce que ça change ?
Est-ce que j’ai vraiment ce qu’il faut ?
Est-ce que je vais encore me perdre en route ?

Il rouvrit les yeux.
Un vieil homme était apparu dans l’ombre du fond de la pièce.
Cheveux blancs, veste en laine.
Ses yeux brillaient comme deux braises sous la cendre.

— Tu crois que la discipline, c’est une cage, dit-il.
Mais la cage, c’est l’éparpillement.
La discipline, elle… c’est une forme d’amour.
Un soin.
Un engagement envers ce que tu veux faire grandir.

Kevin le regarda, sans répondre.
Les mots avaient touché un endroit précis.
Pas dans la tête.
Dans le ventre.
Dans les mains.

Le vieil homme sourit. Puis disparut.

Comme une pensée profonde qu’on ne retiendra pas, mais qu’on n’oubliera plus.

Kevin se leva.
Un des grimpeurs releva la tête. L’autre ferma son carnet.
Pas un mot.
Mais une présence.

Il sortit de la cabane.
Et reprit l’ascension.

Le Plateau de la Stagnation

Après la cabane, la pente s’était adoucie.
Presque trop.

Le sentier s’élargissait, devenait plat, confortable, sans obstacle.
Kevin marchait droit devant, les mains dans les poches, le souffle régulier.

Mais très vite, quelque chose clochait.

Pas de panorama.
Pas de relief.
Pas de trace claire de progression.
Le paysage semblait boucler sur lui-même, comme un fond d’écran animé.

Il s’arrêta.
Regarda derrière lui. Rien.
Devant lui. Encore moins.

Tout semblait… figé.
Même les nuages ne bougeaient plus.

Kevin reprit sa marche.
Mais à chaque pas, une lassitude grise s’invitait.
Pas de douleur. Pas de combat.
Juste un vide tiède, un ennui diffus.

“C’est ça l’étape suivante ? Une boucle molle ? Un faux-plat ?”
“Tu te perds encore. T’as ralenti. Tu vas t’arrêter, comme toujours.”

Une pensée toxique. Mais familière.

Il regarda autour de lui. Rien ne semblait vouloir changer.

Alors, presque machinalement, il sortit son carnet.

Au milieu des pages griffonnées, un petit mot glissé par l’un des membres du cercle.
Il l’avait oublié.

“Quand tu doutes, marche.
Quand tu t’ennuies, respire.
Quand tu veux renoncer, souviens-toi : on avance avec toi.”

Kevin sourit.
Un sourire discret, mais sincère.

Il releva la tête.
Toujours ce plateau.
Mais maintenant, il savait quoi faire.

Il rangea son carnet.

Et recommença à marcher.
Sans se demander s’il avançait vite.
Ou loin.
Juste… en marchant.

Un pas.
Puis un autre.
Puis un autre.

Et bientôt, à l’horizon, une arête rocheuse se dessina.
La montagne se redressait.

La prochaine étape allait être différente.
Plus fine.
Plus risquée.

Mais le vide intérieur s’était déjà allégé.

Le Passage du Fil

Le sentier avait disparu.

À sa place : un filin étroit, tendu d’une paroi à une autre, suspendu au-dessus du vide.
Pas une corde de cirque.
Pas un piège.
Un pont invisible, que seul l’engagement rendait réel.

Kevin s’approcha du bord.

Sous ses pieds, le vide.
Pas un gouffre noir…
Mais un abîme de pensées, tourbillonnant comme des nuages mentaux en pleine tempête.

“Tu vas tomber.”
“Tu n’es pas stable.”
“Tu n’as aucun équilibre.”
“Tu fais ça pour quoi, au fond ? Pour qui ?”

Son souffle se coupa.
Ses jambes tremblaient.
Ses mains étaient moites, même sans rien tenir.

Il ferma les yeux.
Essaya d’imaginer un autre chemin.
Il n’y en avait pas.
La montagne ne s’ouvrait que par ce passage.

Il se redressa.
Retira ses chaussures.
Toucha la corde du bout du pied. Elle vibrait. Pas de mensonge.

Puis il avança.
Un pas.
Puis un autre.

Chaque pensée toxique faisait osciller la corde.

“Tu vas échouer.”
“Tu ne mérites pas.”
“Tu n’as rien à offrir.”

Kevin chancela.

Alors il ferma les yeux.
Et respira.
Longtemps.
Lentement.

Il ramena son attention à ses pieds.
À ses jambes.
À ses sens.

Plus de projections.
Plus de jugement.
Juste la présence.

Un souffle.
Un appui.
Un pas.

Il n’était plus dans la tête.
Il était dans le corps.

Le fil cessa de trembler.
Le vent se calma.
Les voix se turent.

Kevin ouvrit les yeux.
Il venait de poser le pied sur l’autre rive.

Il n’avait pas vaincu la peur.
Il avait traversé avec elle.

Devant lui, un escalier de pierre menait au sommet.

Il sourit.

Et continua à grimper.

Le Sommet

Le vent soufflait, mais il n’était plus hostile.
Il avait cette qualité rare des hauteurs :
il nettoyait.

Kevin atteignit le sommet sans fanfare.
Pas de drapeau.
Pas de lumière divine.
Juste un plateau circulaire, ouvert sur l’horizon.

Autour de lui : le monde.
La ville, au loin.
Des vallées, des forêts, des lignes d’horizon sans fin.

Mais ce n’était pas ça qui l’émouvait.

C’était le silence.

Un silence plein.
Pas un vide.
Une densité intérieure.
Un sentiment d’être exactement à la bonne place, sans avoir besoin d’en faire la preuve.

Il sortit son carnet.
Regarda les pages précédentes, les croquis, les mots griffonnés, les doutes transpercés.

Puis il écrivit calmement :

“Ce n’est pas la motivation qui me mène.
C’est la direction.”

Il posa le carnet. Sur le sol, il grava doucement avec la pointe d’un outil :

“Un pas juste vaut mieux qu’un grand élan sans suite.”

Il resta là encore un moment.
Pas pour réfléchir.
Pas pour “intégrer”.
Juste pour être.

Et lorsqu’il se releva, ce ne fut pas avec euphorie.

C’était mieux.
C’était paisible.

Le Retour vers le Cercle

La descente fut douce.
Pas parce que le chemin était facile, mais parce que quelque chose en lui était devenu stable.
Comme si la gravité n’agissait plus de la même manière.

Il ne courait pas.
Il ne fuyait rien.
Il revenait.

En bas, la lumière du soir glissait entre les immeubles.
Kevin marchait dans les rues de la ville, poussières de montagne encore accrochées à ses chaussures.
Un sac sur le dos. Son carnet à la main.

Il arriva devant une porte familière.

La maison d’un des membres du cercle.
Une lumière était allumée.
Un rire s’échappait par la fenêtre.

Il entra.

Ils étaient là.
Pas tous.
Mais assez.

Des regards.
Des sourires.
Pas de grands discours.

Sur la table : du thé, un carnet ouvert, quelques restes de gâteaux, une bougie allumée.

Kevin s’installa.
Sortit son carnet.
Le posa au centre.

— J’ai envie qu’on crée un truc ensemble, dit-il.
Un pacte. Pas pour faire plus.
Mais pour se rappeler pourquoi on fait ce qu’on fait.
Un truc simple, mais puissant.

Un silence. Puis quelqu’un proposa :

— Et si on écrivait chacun un accord ? Un engagement envers soi… et envers les autres ?

Les têtes hochèrent.

Alors ils prirent des feuilles. Des stylos.
Et un à un, ils notèrent. Partagèrent.

Des phrases courtes. Sincères. Vraies.

“Je m’autorise à ne pas tout contrôler.”
“Je choisis la constance, pas la perfection.”
“Je demande de l’aide quand j’en ai besoin.”
“Je me rappelle que je ne suis pas seul.”
“Je célèbre les petits pas.”
“Je laisse le feu circuler.”

Ils les appelèrent : Les Accords de la Cordée.

Un pacte de progression.
Un pacte d’altitude.

Plus tard, en rangeant ses affaires, Kevin glissa son carnet contre son cœur.
Et se dit, sans orgueil :

— Maintenant, je peux aider à tenir la corde.

À suivre la semaine prochaine… Épisode 10 : La Tempête des Résistances Intérieures

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Un commentaire

  1. Ton texte m’a vraiment embarqué du début à la fin. C’est puissant, plein de justesse, et surtout très parlant pour tous ceux qui avancent à leur rythme, entre doutes et envies de mieux. J’ai adoré la métaphore du Mont Mindset, et les passages comme « Je vous entends. Mais je ne vous crois plus. » ou encore « La discipline, c’est une forme d’amour »… ça résonne fort. Merci pour ce moment de vérité raconté avec tant de finesse.

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