Sortir de sa Zone de Confort

Épisode 3: Premiers Pas sur le chemin du Courage

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🔍 Tu découvres La Saga de Kevin ?
Commence par le premier épisode: Le Dernier Jour au Désert du Salaire Sûr, pour lire cette aventure depuis le début.
📖 Tu peux aussi lire ou relire l’épisode précédent, La carte du monde Mastermind Attraction pour reprendre le fil de l’histoire.

Résumé de l’épisode précédent : La carte du monde Mastermind Attraction

Kevin, salarié désabusé, a franchi une porte oubliée dissimulée dans l’arrière-salle de son entreprise. De l’autre côté, il a découvert un monde inattendu. Après avoir traversé la vallée des doutes et reçu des révélations auprès de l’Arbre au Fragment, il a aperçu la carte du monde de Mastermind Attraction. Désormais, il s’engage sur le chemin du courage.

I. Le chant du matin

Kevin se réveilla au son d’un chant d’oiseau qu’il ne connaissait pas. Un son pur, cristallin, presque trop parfait pour appartenir à un monde réel.

Il ouvrit les yeux lentement, dérouté par la lumière dorée qui baignait la pièce. Le Refuge de l’Aube portait bien son nom : chaque rayon semblait caresser les murs en bois clair comme une bénédiction.

Il s’étira longuement, les muscles encore surpris d’avoir dormi sans tension. Il n’y avait plus cette boule au ventre, ce poids sur la poitrine qu’il portait depuis des mois — peut-être des années. Juste un calme étrange, presque coupable.

Ses anciennes chaussures de ville avaient disparu. À leur place : des bottes souples, robustes, déjà un peu poussiéreuses, comme si elles avaient vécu d’autres marches avant la sienne.

Un petit pain encore tiède l’attendait sur une assiette, accompagné d’une tasse fumante d’où s’élevait un nuage au parfum de menthe fraîche et de miel doux.

Sur un tabouret, son sac à dos l’attendait. À l’intérieur : son carnet, un crayon, sa boussole, sa fiole de persévérance. Et un mot plié.
Il le déplia.

« Ce n’est pas le sentier devant toi qui est rude, Kevin.
C’est celui que tu quittes enfin.
Là-bas, tu survivais. Ici, tu vas vivre.
Marche, et tu verras ton passé s’effacer derrière toi.
— O. »

Kevin sourit, malgré lui. C’était bien le style d’Orion : énigmatique, mais juste.

Mais ce fut sa nouvelle tenue qui le fit sourire : fini le costume de bureau, raide et étouffant. Il portait désormais des vêtements faits pour l’aventure — légers, souples, confortables. Et, il fallait bien l’avouer… plutôt seyants. Le genre de tenue qu’on ne choisit pas seulement pour marcher, mais aussi pour marcher en se tenant droit.

Il sortit du refuge. L’air frais du matin avait un goût d’aventure.
Devant lui, le sentier grimpait à flanc de montagne, s’évanouissant peu à peu dans une brume pâle qui masquait les hauteurs.

Au bord du chemin, Orion l’attendait. Ses yeux brillaient d’une sérénité familière.

— Tu es prêt, Kevin ? demanda-t-il.

Kevin hocha la tête. Il n’en était pas certain. Mais il savait une chose : il ne voulait plus faire demi-tour.

— Tu as déjà ce qu’il te faut, ajouta Orion, en posant la main sur la poche du sac. Ta boussole. Elle ne montre pas le nord. Elle montre ce qui compte. Ce qui te fait vibrer.
Suis-la.
Et surtout… écoute ton corps.
Quand tu te sens bien, léger, vivant, c’est que tu es sur la bonne voie.
Quand tu t’éteins, que tu te sens vidé, c’est que tu te mens.

Kevin sortit la boussole. L’aiguille tournait lentement… puis s’arrêta, nette, dans une direction qui n’était pas le sentier le plus simple.
Il sourit.

Orion le regarda une dernière fois et lui dit :

— La vallée t’attend. Et n’oublie pas : le courage n’est pas l’absence de peur.
C’est l’élan malgré elle.

Puis il s’effaça dans la lumière.

Kevin respira profondément, et avança sur le sentier.


II. Premiers détours, premières tentations

Kevin marchait depuis près d’une heure sur le chemin rocailleux.
La brume du matin s’était levée, révélant des collines ocre, des bosquets d’arbustes argentés, et parfois, au loin, des formes indistinctes qui semblaient l’observer en silence.

Il se sentait étrangement bien. Léger. Vivant. Comme si ses pas étaient portés par une force discrète, mais bien réelle. Une brise tiède l’accompagnait, et chaque pierre qu’il contournait semblait posée là pour le guider.

Puis, à un embranchement discret, plusieurs sentiers s’ouvrirent devant lui.
Pas un ou deux.
Mais cinq.

Cinq directions, chacune baignée d’une teinte lumineuse distincte — bleutée, dorée, violette, verte ou rouge — comme si la forêt elle-même avait adopté un code couleur marketing.

Mais ce qui frappa Kevin, ce furent les panneaux.

Ils flottaient sans attache visible, suspendus dans l’air, éclairés de l’intérieur par une source inconnue. Pas de câble, pas de batterie, rien. Juste une pulsation lumineuse, régulière, presque hypnotique.

Un premier sentier, bordé de fanions scintillants et de rubans LED clignotants, portait un écran géant translucide où s’affichait en lettres mouvantes :

« 🚀 Succès RAPIDE — par ici ! »

Sous l’écran, d’autres pancartes holographiques tournoyaient doucement, comme des pop-ups vivants :

— « 🌟 Formation miracle – Résultats garantis en 7 jours »
— « 🎯 Coaching express — Trouve ta niche pendant que tu dors ! »
— « 🧠 Business clé-en-main — Tu n’as qu’à suivre le plan. »
— « 🔒 100% Zéro risque – 200% rentable »

Les messages pulsaient à l’unisson, brillants et doux comme une publicité bien ciblée. Des voix murmurées semblaient émaner des pancartes, douces, chaleureuses, presque familières :

« Tu as assez souffert… viens, ici tout est prêt. »
« Tu veux réussir, non ? Pourquoi attendre ? »
« Les autres l’ont déjà fait… »

Kevin s’arrêta net.
Il sentit une tension subtile dans sa nuque. Un tiraillement intérieur.

Il haussa un sourcil.

— C’est… tentant, non ? murmura-t-il, comme s’il avait honte de l’admettre.

Le sentier descendait en pente douce, bordé de lanternes dorées et de slogans prometteurs. Une mélodie suave flottait dans l’air, accompagnée de voix doucereuses :
« Tu peux y arriver sans te fatiguer. »
« Pourquoi t’embêter ? Choisis la facilité. »
« On a déjà tout prévu pour toi. »

Sans trop réfléchir, il y posa un pied. Puis un autre.

Les premiers pas furent étonnamment confortables.
Le sol moelleux, l’air doux, une impression de déjà-vu.
Presque comme une publicité vivante, bien calibrée.

Il sentit une chaleur l’envahir, familière.
Comme au début de son ancien boulot.
Une ambiance bienveillante, mais… curieusement lisse.

Le sentier, bordé de fougères dociles, serpentait sans effort.
Aucun obstacle. Aucun doute.
Un rêve, peut-être ?
Ou une cage dorée ?

Au fil des pas, l’ambiance changea imperceptiblement.
La lumière dorée se ternit, devint orangée, puis grisâtre.
Le parfum floral s’évapora.
Les voix, auparavant chaleureuses, prirent un ton mécanique.

Il fronça les sourcils.
Il avait l’impression de ne plus marcher, mais d’être tiré.
Tiré vers quelque chose qui ne le concernait plus.

Il s’arrêta.
Un silence cotonneux l’enveloppa. Trop doux. Trop dense.
Son cœur accéléra légèrement.

Il chercha la boussole. L’aiguille tournoyait paresseusement, comme ivre.
Mais soudain, elle vibra — et indiqua la direction opposée.

Un frisson.
Il leva les yeux.

Et vit, en retrait, d’autres sentiers qu’il n’avait pas remarqués.
Des sentiers moins visibles, moins lumineux, mais… vibrants.
Comme des veines souterraines de courage.
L’un d’eux, escarpé, grimpait à flanc de colline.
Pas de pancarte aguicheuse. Juste une inscription gravée à même la pierre :

« Chemin du Courage »

Les autres chemins semblaient joliment décorés, mais creux.
Des promesses d’instantané. Des raccourcis vers nulle part.

Kevin recula.
Le chemin du succès facile lui laissa une étrange impression de plastique mouillé.
La boussole vibra de nouveau, plus fort cette fois.

Il inspira profondément.
Se détourna des lumières criardes.
Et, d’un pas ferme, choisit la voie discrète, brute, montante.

Le sol était irrégulier. Le vent plus froid.
Mais quelque chose en lui s’ouvrit.

Au loin, le ciel se dégageait.
Une lumière plus douce. Plus vraie.

Il posa la main sur son cœur.
— C’est là.
Et il avança.

III. La Forêt du Rieur

Il poursuivit tout droit, dans le sentier non balisé.
Les feuillages se firent plus denses. L’air sentait la mousse, l’écorce humide et une odeur de sous-bois un peu sucrée.
Le chemin semblait facile. Presque trop.
Doux. Silencieux.

Kevin avançait, soulagé. Il crut même entendre des oiseaux chanter, comme pour l’encourager. Il esquissa un sourire timide, encore fébrile.
Mais il restait sur le qui-vive. Une partie de lui n’osait pas trop y croire.

— Peut-être que c’est enfin le bon chemin ? pensa-t-il. Peut-être que cette fois, ça va marcher ?

Il se força à y croire. À chaque pas, il essayait de faire taire cette voix plus sourde, plus ancienne, qui murmurait au fond de lui :
“Et si tu te plantais encore ?”
“Et si t’étais juste en train de te perdre un peu plus ?”
“Et si en vrai, tout le monde s’en foutait, en fait ?

Puis, sans prévenir, une nuée d’insectes lui fondit dessus.
Ils étaient minuscules, brillants comme des pixels multicolores, et bourdonnaient en chœur, avec l’insistance d’un feed qui défile sans fin :

Tu devrais être partout !
Instagram ! LinkedIn ! TikTok !
Newsletter ! Podcast ! Business Plan !

Kevin agita les bras, paniqué, tentant de les chasser.
Mais plus il bougeait, plus ils semblaient nombreux. Comme s’ils se nourrissaient de son agitation.
Leurs voix fusionnaient en une rumeur bourdonnante, presque oppressante.

Tu vas être en retard sur la tendance !
Tu n’as pas d’avatar clair !
Il te faut un tunnel de vente ! Une signature visuelle ! Une offre irrésistible !

Il tenta d’accélérer le pas, trébuchant presque, fuyant ces injonctions devenues hurlements intérieurs.
Il courut quelques mètres, à l’aveugle, la peur au ventre…
… et chuta brutalement sur une pierre cachée sous les feuilles.
Son corps bascula et s’écrasa dans un ruisseau glacé.

Fracas. Éclaboussures. Silence.

Kevin resta là, figé dans l’eau froide, sonné.
La chute l’avait coupé du flot mental. Il n’y avait plus que le froid qui lui mordait la peau.

Son carnet s’était envolé un peu plus loin, dérivant lentement dans le courant.
Une page entière — celle où il avait noté ses premières idées — se dissolvait sous ses yeux.
Comme ses certitudes.
Comme son élan.

ARGH… murmura-t-il.

Trempé, essoufflé, et désormais légèrement blessé au genou, il s’extirpa de l’eau et s’assit, haletant, sur un tronc couché.
Ses mains tremblaient. Son pantalon ruisselait. Il retira ses chaussures pour les faire sécher, mais l’envie d’abandonner s’était glissée dans son cœur, insidieuse.

Il regarda autour. Rien. Pas un signe. Pas un encouragement.
Juste la forêt. Et lui.

Un vieux corbeau, noir comme une nuit sans lune, était perché sur une branche au-dessus de lui.
Il le fixait d’un œil torve. Puis parla, d’une voix râpeuse, presque moqueuse :

— Tu crois vraiment que tu vas y arriver, petit rêveur ?

Kevin sursauta.
L’animal ne clignait pas des yeux. Il le scrutait avec une lucidité tranchante.
Sa gorge se serra. Il détestait cette voix… parce qu’elle disait tout haut ce qu’il pensait tout bas.

— Combien tombent ici, tu crois ? lança le corbeau.
Ils croient avoir une idée brillante… et puis quoi ?
Ils découvrent qu’on ne les attend pas.
Que personne ne les aide.
Que les autres jugent.
Et qu’ils sont seuls. Très seuls.

Kevin sentit une tension remonter jusqu’à ses tempes.
Les mots résonnaient en lui avec une violence familière.

— Tu… Tu sais parler ? balbutia-t-il.

— Je suis le Rieur.
On m’appelle quand un entrepreneur fait ses premiers pas… et s’attend à des applaudissements.
Mauvaise nouvelle : ce n’est pas un stade.
C’est une forêt.
Et les seules choses qui applaudissent ici… ce sont les illusions qui s’écrasent en tombant.

Puis il éclata d’un rire rauque.
Un rire grinçant, désaccordé, qui semblait faire trembler les feuilles mortes et réveiller les ombres sous les racines.
Ses ailes claquèrent. Il s’envola dans un nuage de plumes sombres.

Kevin resta là, immobile.
La forêt semblait soudain plus froide. Plus vaste. Plus vraie.

Il récupéra son carnet détrempé. Une page restait lisible.
Il sortit son stylo, grelottant, et écrivit :

“N’attends pas les encouragements. Ils viendront plus tard. Ou jamais.”
“Fais-le quand même.”

Il respira lentement. Longuement.
Puis remit ses chaussures humides.
Et se remit en marche.

À suivre… Épisode 4 : Le Passage Secret vers l’Esprit Entrepreneur

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3 commentaires

  1. Magnifique métaphore du parcours entrepreneurial et d’un voyage intérieur Benoît 🙂 Cela me rappelle que c’est en suivant ce qui nous fait vibrer qu’on avance vraiment. 😉

  2. Merci pour cette claque douce mais décisive ! Ton article m’a donné envie d’enfiler mes baskets intérieures et de sortir de ma zone de confort… même si elle est bien moelleuse. 🙂

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